Les directeurs des achats contre la pression d'éditeurs américains - par Florian Dèbes (Les Échos)
Des directeurs des achats de grands groupes travaillent ensemble pour faire entendre leurs voix face aux éditeurs de systèmes d’information spécialisés dans leur métier.
Le cabinet de conseil Deloitte et la CDAF (Compagnie des Dirigeants et Acheteurs de France) lancent un Club des utilisateurs des Systèmes d’Information Achats (SI Achats). Déjà 70 responsables des achats de grandes entreprises s’y sont inscrits, d’après les organisateurs. « L’objectif est de réunir une centaine de membres avant la fin de l’année », espère Loïc Vuichard, responsable du pôle community marketing management chez Deloitte.
Une première réunion a déjà eu lieu, mi-février, au siège de Deloitte en France, à Neuilly-sur-Seine. 4 autres sont d’ores et déjà prévues d’ici à décembre 2014 mais il pourrait y en avoir plus si le besoin se fait sentir. Car il n’est pas simplement question de boire un verre en compagnie de ses pairs. Outre l’échange de bonnes pratiques concernant l’utilisation des systèmes d’information dédiés à la gestion des achats, ces professionnels veulent construire un discours commun face aux éditeurs de ces logiciels. Sur le marché des SI Achats, l'offre actuelle ne leur convient pas tout à fait. Alors que la dématérialisation tend de plus en plus à s'imposer dans les processus d'achat. « Ces derniers temps, les solutions proposées ont tendance à se standardiser sous la pression des éditeurs américains », explique Loïc Vuichard. Avant chaque réunion du club, une quinzaine de membres prépareront les débats.
Le dernier rendez-vous du club (prévu le 5 décembre) sera consacré à la présentation des doléances des responsables achats, devant les éditeurs, invités pour l’occasion. Avec le développement du cloud computing et du travail sur des logiciels installés sur des serveurs qui n’appartiennent pas à l’entreprise (le mode Saas), les éditeurs ont tendance à proposer le même produit à tous leurs clients pour optimiser les coûts. Naturellement, les systèmes américains, SAP et Oracle en tête, sont conçus pour une majorité de clients américains. Qui n’ont pas forcément les mêmes demandes que les responsables achats français.
Du côté des éditeurs français, la réponse à cette demande n’est pas évidente. « Souvent les éditeurs de logiciel français conçoivent des produits de niche pour éviter une confrontation marketing avec les éditeurs américains », soutient Alain Garnier, président de l’Efel (Entreprendre en France pour l’Edition Logiciel). De trop petites niches pour des directeurs des achats pris entre des contraintes de coûts et la vigilance des directions métiers en recherche de retour sur investissement sans contraintes de déploiement.
Source : Florian Dèbes - Les Échos.